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En déplacement dans le Doubs mardi dernier pour apporter son soutien au candidat de la gauche, Manuel Valls invitait les électeurs à voter PS, argument irrésistible à l’appui: «J’en appelle à l’esprit du 11 janvier.». Par-delà l’habituelle récupération politique dont elle témoigne, cette invocation soumettait l’électeur à un étrange chantage en réduisant son vote à un choix entre le camp du bien et de la solidarité (à gauche), et le camp du terrorisme et de la haine (à droite).

Nouvelle illustration de la manœuvre dimanche soir, après les résultats du premier tour: la gauche appelle à la formation d’un «Front républicain» pour faire barrage au FN. «Si chacun vote en conscience, alors il vote PS», exposait explicitement Michel Sapin, lundi sur Europe 1. Au PS, la conscience, ça se dicte, et refuser de voter ou d’appeler à voter pour la gauche, c’est donc devenir de facto l’ennemi de la République. Et la droite d’hésiter comme une jeune première, face au piège grossier que la gauche lui ressort à chaque élection ou presque…

La question à se poser est pourtant simple: que reste-t-il de la démocratie quand certains s’arrogent le droit de qualifier un vote de bon et l’autre de mauvais? Nous ne pouvons plus tolérer de perdre notre temps dans un chantage aussi fallacieux, qui confisque une fois de plus le débat de fond. Qui sont-ils, ces censeurs autoproclamés, pour ostraciser de la communauté nationale ceux qui ne votent pas assez bien à leur goût? La République n’est pas un monopole: en la récupérant à son seul profit, la gauche dite «républicaine» la vide par là même de son sens. Une fois de plus, elle se juge habilitée à exclure du débat démocratique des millions de Français. Mais si elle n’aime pas un certain type d’électeurs, c’est qu’elle n’aime qu’une partie de la France et qu’elle est donc incapable de rassembler notre pays. Et si elle estime que plusieurs millions de Français ne savent pas voter, pourquoi maintenir la démocratie plus longtemps?

Au PS, la conscience, ça se dicte, et refuser de voter ou d’appeler à voter pour la gauche, c’est donc devenir de facto l’ennemi de la République. Et la droite d’hésiter comme une jeune première, face au piège grossier que la gauche lui ressort à chaque élection ou presque…

Consciente qu’on ne gagne pas face à un adversaire en lui déniant le droit d’exister, la droite doit enfin refuser le jeu médiatique et replacer la confrontation sur le plan des idées et de la politique à mener. C’est sur ce plan-là que Sens Commun entend se battre et c’est sur ce plan-là que le citoyen prend sa décision libre et responsable.

Car l’électeur est libre. Tellement libre qu’il y a en réalité bien longtemps qu’il s’assoit sur les consignes de vote. Celles-ci n’existent finalement plus que pour des motifs politiciens. Celui qui les donne, que cherche-t-il sinon à obtenir, par son alliance factice, un poste ou une approbation médiatique? Autant de tractations qui exaspèrent les Français, traités comme des têtes de bétail qu’on vend au plus offrant. S’ils veulent retrouver la confiance et le respect des Français, les politiques doivent commencer par les leur accorder.

Voilà pourquoi nous appelons à la suppression des consignes de vote stériles et infantilisantes. Qu’à l’intérieur d’un parti des mouvements choisissent de soutenir tel ou tel candidat qui correspond à leur sensibilité et à leurs convictions, c’est naturel ; mais qu’un parti prétende, au nom de ses militants, choisir entre deux adversaires politiques, voilà qui est absurde. Nous n’avons pas à dire aux Français s’il faut voter pour le candidat PS ou le candidat FN. Le seul appel valable est l’appel au vote, qu’il soit rouge, bleu ou blanc. Le choix leur appartient, à eux et à eux seuls.

Débarrassée du bal des consignes et de ses polémiques de plus en plus dérisoires, la droite pourra enfin prendre la hauteur nécessaire pour travailler à sa propre reconstruction et aux réformes de fond que les Français réclament…à juste titre.