Chers amis,

Ne vous endormez pas encore, on a gardé le meilleur pour la fin ! En tout cas, c’est ce que m’ont dit mes collègues de Sens Commun en me donnant le thème de mon discours : « Allez Madeleine, tu nous enflammes les foules en leur parlant d’Europe !» C’est bien connu, Bruxelles, ses normes, ses résolutions, ses directives, ses livrets blancs ou verts, ça vous magnétise un auditoire en un claquement de doigts. Claude Imbert l’a très bien résumé : « Quand j’entends parler d’Europe, je sors mon oreiller ».

L’UMP a publié ces derniers jours un ensemble de propositions sur l’Europe, consultables sur le site. Je vous invite à y faire un tour. Je ne peux pas citer tous les points, mais parmi ceux-ci, trois, en particulier, méritent d’être soulignés :

– « De même que nous refusons de sacrifier la Nation sur l’autel d’une utopie fédéraliste, personne ne pense que la France doit rester isolée. Pour nous, la construction européenne n’est pas une fin en soi, elle trouve sa légitimité dans son efficacité au service des Français. »

– « une Europe qui assume son identité, qui stoppe l’élargissement sans fin et qui refuse l’entrée de la Turquie. »

– « Une Europe plus efficace, qui lutte contre la bureaucratie, qui cesse de s’occuper de ce qui ne la concerne pas, qui n’intervient pas dans les politiques familiales et les questions de société. » 

Mais malgré toutes les bonnes propositions que contient ce rapport, j’ai été frappée de l’absence d’une notion pourtant clé. Je n’ai pas trouvé écrit dans ce rapport le mot « démocratie ». Pardon, si, je l’ai trouvé une seule fois, dans la phrase suivante : l’Europe doit avoir l’« ambition de présenter ses valeurs et ses principes comme modèle de respect de l’homme et de la démocratie. »

L’Europe, modèle de respect de la démocratie. Bel idéal. Mais peut-on encore parler de modèle démocratique lorsque les députés qui nous représentent en Europe n’ont pas l’initiative des lois ? Peut-on parler de modèle démocratique lorsque les grandes directions européennes sont prises par une autorité non élue, la Commission européenne ?

En 1952, visionnaire, de Gaulle soulignait déjà certaines dérives antidémocratiques en Europe, et écrivait :

« On ne fera pas l’Europe si on ne la fait pas avec les peuples et en les associant. Or, la voie que l’on suit est complètement différente. On s’enferme dans des comités. On élabore des techniques. ( …) On se réunit dans des conseils entre augures intéressés. Mais les peuples n’y sont pas. »

Ayons, à l’UMP, le courage et la lucidité de le reconnaître ouvertement : l’Europe aujourd’hui souffre d’un déficit de démocratie.

Alors, certains hurleront au populisme. C’est la dernière insulte à la mode, aujourd’hui, lorsqu’on ose faire une critique contre l’Europe. Lorsqu’on ose fonder son analyse sur les faits, avec pragmatisme et honnêteté. On nous accusera de vouloir séduire un électorat. Mais nous ne sommes pas là pour satisfaire un électorat. Nous sommes là pour dire ce qui est. Si être réaliste c’est être populiste, si affirmer avec de Gaulle et d’autres qu’on ne fera pas l’Europe sans les peuples et sans les y associer, alors oui, nous sommes populistes.

En réalité, chers amis, le véritable populisme serait de renoncer à l’Europe. Or renoncer à l’Europe, c’est céder à la solution de facilité et faire table rase du passé. A-t-on le droit par égo-centrisme, par frilosité, par défaitisme, de fermer les yeux sur ce miracle européen qui après 10 ans de conflits cumulés a fait naître un projet et une fraternité commune en Europe ? A-t-on le droit de sacrifier ce qui nous a été légué de bon ?

Chers amis, nous l’affirmons : nous sommes favorables à la construction européenne, parce que nous la savons nécessaire. A condition que cette construction soit fondée sur un vrai modèle démocratique.

Aimer l’Europe, sauver l’Europe, construire l’Europe, c’est proclamer haut et fort que l’Europe a été faite pour les peuples, et qu’elle ne se fera pas sans eux. La véritable ambition pour l’Europe aujourd’hui ne consiste pas à en élargir sans cesse les frontières, ou à en accroître les zones d’influence. Non, la véritable ambition pour l’Europe est d’abord et avant-tout politique. Rassembler à nouveau les peuples, REfaire de l’UE une source d’union et non plus de discorde.

Philippe Séguin, lors de son célèbre discours contre le traité de Maastricht, expliquait ainsi :

« Le pouvoir qu’on enlève au peuple, aucun autre peuple, ni aucune autre réunion de peuples n’en hérite. Ce sont des technocrates désignés et contrôlés encore moins démocratiquement qu’auparavant qui en bénéficient et le déficit démocratique, tare originelle de la construction européenne, s’en trouvent aggravé ».

Pour autant, inutile de sombrer dans le pessimisme, car rien n’est irréversible. Les textes fondateurs sont là : un retour vers ces textes nous permettrait de revenir à une Europe citoyenne. Prenons, par exemple, près de nous, la déclaration n°18 annexée au traité de Lisbonne (2007) : cette déclaration rappelle que les États peuvent décider de réviser les traités « y compris en vue de réduire les compétences de l’Union ». Les Britanniques sont demandeurs. Il est temps de les appuyer, au lieu de les taxer systématiquement de splendide isolement.

Il est temps, aussi, de viser à la simplification massive de nos institutions européennes, pour que les citoyens ne se retrouvent plus face à des textes abscons, et à un fonctionnement bureaucratique obscur. On ne peut aimer et posséder que ce que l’on comprend.

Cette simplification des institutions passe également par le renforcement du pouvoir du Parlement et du Conseil des ministres, seules source de légitimité démocratique.

« Mais si l’on renforce le parlement européen, diront certains, on affaiblira encore plus les parlements nationaux. Plus le parlement européen est faible, plus les parlements nationaux sont forts. » Non : les pouvoirs que l’on rendrait au parlement européen, on ne les enlèverait pas aux parlements nationaux, on les enlèverait à la Commission européenne qui n’a jamais représenté personne en Europe. En renforçant le parlement européen, on renforcerait de fait la souveraineté de chaque pays à l’intérieur de l’Europe.

A la suite de Mendès, nous l’affirmons : « On parle maintenant souvent de choix. J’ai fait le mien. Je choisis l’Europe, mais je veux les conditions de son succès qui sont aussi les conditions du renouveau de la France ! »

La droite que nous voulons se bat pour une Europe vraiment démocratique

Elle ne permet pas l’adoption de textes que les électeurs rejettent massivement

Elle n’oublie pas d’où vient la légitimité des institutions européennes

Elle restructure l’Union Européenne pour redonner sa place centrale au citoyen