Chers amis,

En ce temps d’épidémie tragique pour les hommes comme pour les nations, j’espère que vous tenez bon dans tous les lieux où vous êtes astreints au confinement ou alors dans l’exercice souvent difficile de votre métier, et que vous gardez au cœur la certitude que des jours meilleurs se lèveront.

Rappelons-nous l’ouvrage de l’historien Marc Bloch L’étrange défaite ; nous prendrons nous aussi le temps de l’analyse critique des raisons qui ont conduit notre pays à l’impuissance que révèle cruellement la crise sanitaire actuelle : « Beaucoup d’erreurs diverses, dont les effets s’accumulèrent, ont mené nos armées au désastre. Une grande carence, cependant, les domine toutes. Nos chefs ou ceux qui agissaient en leur nom n’ont pas su penser cette guerre. »

Sens Commun  effectue ce travail de l’ombre. Il viendra nourrir nos réflexions et prises de position au sortir de cette lutte contre une épidémie qui réveille notre instinct vital de conservation et notre attachement à ce qui fait la valeur d’une vie. Ce n’est pas l’heure de la polémique mais de l’action. 

Mais cette heure viendra, chers amis : il faudra pointer les responsabilités des uns et des autres, et pas seulement dans la gestion calamiteuse de la crise sanitaire. Il faudra dire qui a participé à créer ou à laisser créer les conditions de cette pandémie mortelle,l’oubli du Bien commun au profit de la recherche d’une croissance matérielle folle, l’abandon de territoires entiers, la destruction des services publics, la désindustrialisation, la centralisation mortifère, le poids paralysant de la technocratie. 

Sans attendre, les élus Sens Commun se sont constitués en réseau pour aider au mieux leurs concitoyens à traverser cette crise, en échangeant leurs idées et bonnes pratiques. Dans leurs collectivités, il se dévouent sans compter, le plus souvent dans la plus grande discrétion pour répondre aux besoins du moment.  Nous leur redisons notre gratitude.

La lutte contre le Covid-19 requiert aussi l’engagement de chacun pour se déployer là où nous vivons et secourir nos proches, c’est-à-dire ceux qui sont tout près et que parfois nous ne connaissons pas.  

Nos inquiétudes sont vives pour ceux qui, déjà fragiles, ont besoin d’attentions particulières : personnes âgées ou handicapées, familles en souffrance, entreprises en grande difficulté. C’est en priorité pour eux que nous sommes en tenue de service. On ne dira jamais assez notre gratitude pour les soignants qui se dévouent sans compter, ceux qui nous protègent et ceux qui nous nourrissent. 

Puisse cette terrible épreuve servir à quelque chose, ne serait-ce qu’à réhabiliter la volonté politique. Oui, chers amis, il est possible de décider ! 

Sylvain Tesson (Figaro du 19/3/20) l’a éloquemment exprimé dans ces quelques lignes : « Devant la prétendue inéluctabilité des choses, le virus du fatalisme possède son gel hydroalcoolique, la volonté. « En Marche! » est finalement un merveilleux slogan, une fois accompli le demi-tour ».

Laurence Trochu