daech-flagIntroduction

Qu’on l’appelle guerre ou pas, la France connaît une situation dans laquelle elle doit faire face à un ennemi désigné sous l’acronyme de « Daech », qui l’a mortellement frappée à trois reprises en moins d’un an, sans parler des attentats régulièrement déjoués.

Cette inquiétante vulnérabilité est le fruit de renoncements accumulés au cours des quarante dernières années, et du déni de réalités géopolitiques et sociétales pourtant flagrantes.

Cette inquiétante vulnérabilité est le fruit de renoncements accumulés au cours des quarante dernières années, et du déni de réalités géopolitiques et sociétales pourtant flagrantes.

La principale faute de l’Europe est d’avoir baissé la garde en raison d’une apparente sécurité liée à l’éloignement de l’ennemi de nos frontières, et d’avoir failli à proposer un idéal à notre jeunesse pour éviter à une partie marginale de celle-ci de s’engager dans l’islamisme. On pourrait aussi lier cette guerre au rejet des modèles traditionnels éprouvés et à la montée conséquente des communautarismes, mais nous nous limiterons ici aux enjeux d’ordre sécuritaires(1).

Si le constat est peu flatteur pour la France et la politique menée depuis des décennies, la situation n’est cependant pas sans solution, à condition de bien vouloir passer des discours aux actes, ce qui nécessite un courage et une détermination autres que ceux que nous avons pu observer depuis les attentats de janvier dernier.

Une stratégie claire et respectueuse des réalités géopolitiques nous donnerait les moyens de battre l’Etat islamique à l’extérieur de nos frontières, tandis qu’une politique sécuritaire volontariste nous permettrait de résoudre le problème sur le territoire national. La guerre contre l’État islamique ne sera gagnée qu’à la condition :

  • de restaurer les trois fonctions régaliennes de l’Etat (défense/diplomatie,  sécurité intérieure et justice) sur le plan national restaurant
  • de rompre avec nos modèles dépassés sur le plan international.

 

Constats : La guerre que connaît la France est le fruit d’une politique et d’une idéologie toutes deux désastreuses

  • La diplomatie française, troisième réseau de représentations derrière les Etats-Unis et la Chine, s’apparente aujourd’hui à une girouette. Depuis presque 10 ans, les errements successifs, notamment vis-à-vis de l’Iran et la Syrie, ont créé des ruptures néfastes avec certaines grandes lignes traditionnelles de la diplomatie française (appui à la Russie – malgré une longue éclipse sous l’ère communiste –, approche autonome des problèmes au Moyen-Orient, relations non alignées avec les grands pays de cette région, etc.). La France doit retrouver la capacité d’une saine lecture des relations internationales.
  • Les accords de Schengen n’ont pas été accompagnés de coopération entre les services de renseignement des pays concernés. Une chose est de décider la libre-circulation, une autre est de la mettre en œuvre tout en conservant un haut niveau de sécurité pour la population. Sous cet angle, notre politique de libre-circulation dans l’espace de Schengen est un échec complet car nous avons négligé les nécessaires et indispensables politiques de contrôle, aux frontières extérieures comme à l’intérieur de l’espace Schengen. Les terroristes ont ainsi pu rentrer en Europe et la traverser sans être inquiétés. Le manque de lucidité et de courage n’a pas permis de voir arriver la menace et de la neutraliser avant qu’il ne soit trop tard.
  • Dans le même temps, et alors que les politiques sociales menaient grand train et que le temps de travail se réduisait, les réductions des budgets de défense et de sécurité ont favorisé l’apparition de zones de non-droit sur le territoire national, facteur aggravant des communautarismes, sans qu’aucun gouvernement ne trouve ni le courage ni la légitimité populaire pour les affronter.
  • Le laxisme des politiques d’incarcération permet à certains suspects de prendre la fuite alors que même l’administration pénitentiaire s’étonne de l’accord donné à tel prisonnier de jouir d’un aménagement de peine ou à tel autre d’une autorisation de sortie lui permettant de s’évader, malgré les fiches S et les radicalisations constatées en prison.

Nos propositions

A. La sécurité extérieure

Plutôt que de ne penser qu’aux actions de communication, il faut déterminer une stratégie claire pour remporter une victoire définitive contre l’Etat islamique au Moyen-Orient.

Diplomatie : mettre fin aux positionnements idéologiques

  • Maintenir un équilibre diplomatique entre la Russie et les Etats-Unis .Concilier des enjeux sécuritaires communs avec les russes. Ne pas sombrer dans la vassalisation avec les américains.
  • Composer momentanément avec le régime syrien. Dans un conflit, il n’y a que deux camps, comme le rappelle notre alliance avec l’Union Soviétique durant la Seconde Guerre mondiale. On ne peut souhaiter faire tomber Daech et Bachar el Assad simultanément.
  • Exercer une pression diplomatique et commerciale concertée sur la Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite pour mettre un terme aux doubles jeux régionaux.

Opérations militaires : une coalition internationale sous commandement arabe

  • Solliciter et soutenir l’édification d’une coalition internationale (mandatée par le Conseil de sécurité de l’ONU) en appui d’une alliance régionale capable d’organiser le basculement des principaux groupes sunnites de la Région en les détachant de l’Etat islamique.
  • Conduire des interventions aéroterrestres (précises et limitées dans le temps) dans le cadre de cette alliance régionale sous commandement arabe avec des objectifs.
  • En liaison avec nos alliés, dupliquer l’opération barkhane destinée à reprendre l’initiative dans les zones de chaos en brisant les bases logistiques des groupes Djihadistes.
  • Accentuer l’identification et l’assèchement des ressources financières de Daech. (capacité de raffinage, trafics de pétrole brut, de drogue de cigarettes, d’armes, d’œuvres d’art, mettre un terme à l’esclavage sexuel,…).
  • Faire toute la lumière sur le double jeu de la Turquie. Idem pour le Qatar et l’Arabie Saoudite.
  • Poursuivre la logique de l’article 42.7(2) du traité de l’Union Européenne pour influencer nos alliés européens et obtenir une sécurisation effective des frontières et un effort concerté dans la lutte aéroterrestre.

Prévoir et gérer l’après-Daech

  • Travailler à la sécurité et à la stabilisation économique des populations sunnites de la région.
  • Etablir une zone tampon sous administration de l’ONU entre les zones Chiites et Sunnites.

B. La Sécurité intérieure

L’islamisme radical s’enracine aujourd’hui dans les « territoires perdus » de la République en jouant de l’absence de l’Etat (éducation, sécurité, …) et en s’appuyant sur les réseaux criminels qui y prospèrent. Il est temps de reconquérir ces territoires pour y rétablir les représentants de l’Etat et y promouvoir à nouveau la Sécurité, l’Éducation et le Développement.

La détermination et le courage politiques sont ici plus nécessaires que de légitimes augmentations d’effectifs ou des réformes constitutionnelles. On pourra ensuite y appliquer la théorie dite des « vitres brisées » : tolérance zéro, sanction, réparation.

Reconquérir les territoires perdus de la République

  • Créer une structure administrative articulant « sécurité, éducation et développement économique », placée sous l’autorité de préfets chargés de zones sensibles dans lesquelles ils devront en un laps de temps défini :
    •  briser les trafics et l’économie souterraine.
    • désarmer les zones opaques, quartier par quartier.
    • mettre en place une police de proximité.
    •  briser les foyers de radicalisation : lutter contre les rassemblements clandestins dans les caves.
    • permettre le rétablissement des services publics et des commerces de proximité non communautaristes.
  • Rétablir une structure de renseignement fondée sur le maillage du territoire.

Sortir de l’angélisme judiciaire

  • Rompre avec un outil ancien inadapté face à un terrorisme hybride et structuré
  • Créer un parquet national de lutte contre le terrorisme
    • Placé sous la responsabilité d’un procureur général de la Lutte anti-terroriste avec une compétence nationale.
    • Composé de Juges d’instruction aux méthodes d’investigation adaptées.
    • En interaction avec les 8 juridictions interrégionales spécialisées (criminalité, délinquance)
  • Accroître les moyens humains actuellement dévolus à la Lutte anti-terroriste :
    • Rompre avec l’équilibre des « 8 » (Magistrats/Juges d’instruction)
    • Accorder le statut de magistrat associé aux personnes recrutées pour soutenir les juges

Lutter contre la radicalisation islamiste

  • Mettre en œuvre une politique dite des « vitres brisées » pour les incivilités ou les dérives islamistes.
  • Elaborer une cartographie des structures de l’intégrisme religieux en France.
  • Interdire les prêches en langue étrangère dans les mosquées.
  • Interdire les financements étrangers des imams et des lieux de culte musulmans.
  • Faire signer aux imams une charte fixant les principes républicains fondamentaux. Sanction/expulsion de tout propos qui contrevient à la charte.
  • Recréer au sein des armées et de la police des experts de la guerre psychologique.

Sanctuariser le territoire national

  • Rétablir durablement le contrôle aux frontières nationales.
  • Adapter le plan Sentinelle pour éviter la surconsommation ou la mauvaise exploitation des forces armées. Passer d’une posture « rassurer » à une posture « protéger » :
    • Créer des unités de surveillance et d’intervention de Police capable de patrouiller et de réagir efficacement.
    • Réformer profondément et au plus vite la « Réserve » afin de lui permettre de participer plus efficacement et directement à la défense du territoire en renforçant ces unités de surveillance et d’intervention.
    • Armer en dehors des heures de service les fonctionnaires de Police et de Gendarmerie afin d’étendre une capacité d’intervention qui ne soit pas visible.
    • En fonction des circonstances, autoriser les militaires et certains réservistes entrainés à cet effet à porter une arme de poing afin de pouvoir intervenir au plus vite en cas d’attaque terroriste.

 

 (1) Des réponses culturelles aux attentats seront apportées lors de la soirée « Aimer et faire aimer la France », le 16 décembre prochain.

 (2)L’article 42.7 est la clause de défense mutuelle du Traité sur l’Union européenne : « Au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies. »