Lorsque nous avons créé Sens Commun, en 2013, nous avons alerté sur la décomposition doctrinale d’une droite contrainte au grand écart par son obsession du consensus. Nous avons été critiqués, caricaturés et nous avons parfois suscité la défiance d’élus qui ne comprenaient pas que de simples militants décident de s’organiser à leurs côtés, libres, pour rappeler ce qu’est « La Droite Que Nous Voulons ». Nous dérangeons en effet ce qu’il est convenu d’appeler le « politiquement correct » dans son entreprise que l’essayiste Mathieu Bock Côté résume ainsi : « Heurter le sens commun, le déstabiliser et lui faire perdre toute valeur d’évidence, pour qu’il ne subsiste qu’à la manière de stéréotypes à congédier et de préjugés à déconstruire ».

 

On nous annonce la mort du clivage gauche/droite mais il pèse bien plus qu’on ne veut le croire sur la réalité politique d’aujourd’hui qu’il continue de structurer. Ces deux catégories restent toutefois imprégnées de l’hégémonie de l’ère socialiste au point que le juriste Stéphane Rials a pu écrire: « En fin de compte, la colonne vertébrale de la vie politique française depuis la Révolution n’est pas le prétendu rapport droite/gauche, c’est la gauche (…) Les autres discours abusivement qualifiés de discours de droite, ne font que se définir par rapport à la gauche. »

 

Pour ne plus subir ce regard de gauche qui définit la droite et l’enjoint de se positionner sur son échelle de valeurs, pour ne plus être le résidu d’une arrière garde drapée dans le mythe du progrès, Sens Commun appelle inlassablement la droite à renouer avec la pensée, avant même les catalogues d’idées. Les temps sont trop graves et les menaces qui pèsent sur la France sont trop lourdes pour que le débat politique se réduise à des interpellations médiatiques dont la médiocrité le dispute à la bassesse, pour terminer dans le reniement et l’ignominie.


Face à ce spectacle déshonorant, Sens Commun n’entend pas s’excuser d’exister ! La tentative du pouvoir en place, qui achève de faire passer la gauche du social au sociétal, est de liquider ce qu’il reste d’une droite aux abois et de fondre ses troupes dans sa majorité progressiste. Tel un chef d’état major, il place ses pions pour mailler le territoire lors des prochaines municipales, cherchant ainsi à étendre localement son emprise. Dès lors, la question fondamentale qui se pose à la droite- et qui pourrait bien être la dernière- est de savoir si elle est Macron compatible ou si elle cherche à préparer la France d’après, la préparer et la réparer. Parce qu’elle place le politique au dessus de la contrainte économique, la démocratie avant le marché, l’homme avant le bénéfice, la Nation avant la mondialisation, la Droite Que Nous Voulons n’est pas Macron compatible.

 

Aussi, nous avons décidé de lancer cet appel à tous les Français réellement et sincèrement amoureux de la France. Pour l’amour de la France et de notre civilisation, conserver ce qui vaut et réformer ce qu’il faut, voilà notre ligne de pensée et d’action, voilà ce qui motive notre engagement. Laissons résonner en nous cet avertissement tocquevillien : « Mais nous, en quittant l’état social de nos aïeux, en jetant pêle-mêle derrière nous leurs institutions, leurs idées et leurs mœurs, qu’avons nous mis à la place ? »

 

Pour préserver la France aujourd’hui, il s’agit d’allier l’audace et la protection, la recherche de la réussite et le souci de tous et de chacun, la volonté de croissance et le respect de la nature. Ce conservatisme dont notre pays a besoin, c’est la volonté de construire une société durable basée sur l’amour de la France, de l’Europe et de notre civilisation. Ce sont les trésors qui nous garderont des menaces totalitaires qui grandissent au delà de nos frontières comme au cœur de notre société. Nous partageons ce sentiment que les choses bonnes telles que la paix, la concorde, la justice peuvent être facilement détruites. Sens Commun est attaché à l’autorité, à la responsabilité et à la liberté, une liberté qui n’est pas un simple droit mais aussi un devoir pour chaque citoyen.

 

Recevoir, enrichir, transmettre : Nous appelons tous ceux qui veulent poser un regard conservateur à renouer, contre la désespérance, avec l’engagement politique pour travailler à la reconstruction de la droite de demain, affranchie des critères de respectabilité édictés par le progressisme. « Il suffit, nous dit Mauriac, d’un petit nombre d’esprits fidèles pour que le lien soit maintenu » Soyons déterminés aujourd’hui et de plus en plus nombreux des demain.

 

Face à un gouvernement vertical qui nourrit la confiscation de la société civile par l’Etat, il est urgent que chacun se demande ce qu’il peut faire pour notre pays afin que les Français puissent parler d’eux en disant « nous ». Il est urgent de recréer un lien d’appartenance, une ligne d’obligation qui nous relie à ceux qui nous ont donné ce que nous avons, ce que nous sommes et ce que nous voulons transmettre. C’est de cette manière que Sens Commun entend relever le défi politique actuel pour servir la France.

 

Laurence Trochu

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