Pendant plusieurs jours, l’engouement des défenseurs d’une PMA étendue à toutes les femmes a viré à l’emballement politico médiatique. L’hémicycle était une fois encore le lieu idéal pour un putsch estival. Un député LREM a déposé en catimini une proposition de loi visant à étendre la procréation médicalement assistée aux femmes célibataires et aux couples de femmes. Le sujet est grave et la manière de le traiter ainsi tout autant. Comment ce député peut-il donner une quelconque légitimité à un texte de loi, qu’il a voulu faire adopter dans la torpeur de l’été par quelques confrères présents à l’Assemblée Nationale, prêts à « tourner les clefs » des absents sans même laisser place au débat? Un oukase institutionnel était-il en préparation?

En pleine discussion sur la réforme constitutionnelle dont les enjeux, il faut bien l’admettre, échappent au public non averti, il nous est cependant donné une illustration concrète du mépris que manifestent des députés LREM pour les institutions. Tout cela, alors que le travail de la mission parlementaire sur la PMA et la GPA n’a pas encore commencé.

Mépris encore pour les Français, car cette proposition de loi finalement abandonnée ignorait délibérément les résultats des États Généraux de la Bioéthique, pourtant initiés par le gouvernement. Lors des consultations publiques officielles, ils ont rejeté à 80% l’extension de la PMA. Nous sommes loin de la société apaisée souhaitée par Emmanuel Macron à l’ouverture de la consultation citoyenne qu’il voulait démocratique.

Mépris de l’enfant, victime pas vraiment collatérale du désir tout puissant de l’impossible maternité biologique d’un couple de femmes. Au nom de l’égalité revendiquée par ces dernières, on créerait de droit une inégalité entre les enfants: certains auraient un père et une mère, d’autres deux mères et bientôt, toujours au nom de cette logique égalitaire qui mènerait à la GPA, deux pères. « La raison du plus fort est toujours la meilleure. Nous l’allons montrer tout à l’heure». Cette triste morale d’une fable de La Fontaine ressemble à celle qu’on veut nous imposer. Peu importe les arguments, peu importe l’intérêt de l’enfant, si le plus fort veut faire triompher ses désirs, rien ne l’arrête et rien ne l’empêche d’avoir raison.

C’est oublier que celui qui a recours à la force montre par cela même qu’il n’a pas pour lui le droit. Lorsque Prométhée, enchaîné sur le rocher du Caucase, prédit à Jupiter la décadence de son Olympe, le dieu courroucé saisit son arme terrible. Prométhée lui crie alors : « Tu prends ta foudre, Jupiter, donc tu as tort ! » Aux raisons les plus pitoyables, sachons plus que jamais opposer le bon sens commun.

Laurence Trochu, présidente de Sens Commun

 Tribune Libre publiée initialement sur Valeurs Actuelles, le 20 juillet 2018 https://www.valeursactuelles.com/politique/pma-pour-toutes-mepris-de-tous-97510