Un accord finalisé le 28 avril entre l’Union Européenne et le Mexique prévoit l’ouverture du marché européen à 20 000 tonnes de viandes bovines mexicaines à droits de douane très réduits. Cet accord validé en pleine crise sanitaire et économique liée au Covid-19 est un triple affront fait à nos compatriotes, à nos agriculteurs et à l’avenir de notre pays.

L’interprofession bétail & viandes dénonce un scandale, rappelant que « ces viandes étaient jusque-là interdites sur le sol européen en raison de leur non-conformité aux normes sanitaires UE ». Par quel miracle sont-elles devenues soudain acceptables ? Devons-nous comprendre que les normes UE n’ont finalement pas tant d’importance que cela ? Ou pire encore, que la santé de nos compatriotes est une variable d’ajustement économique ?

De plus, à l’heure où nos éleveurs et agriculteurs français peinent à écouler leur marchandise, il est irresponsable de laisser l’Europe continuer à saturer notre marché de productions étrangères, accentuant ainsi une concurrence féroce et déloyale. Le politique ne peut prétendre vouloir sauver nos producteurs « et en même temps » soutenir un traité qui les détruit. Il ne doit pas se cacher derrière les efforts louables de la grande distribution pour privilégier les filières françaises : ils ne suffiront malheureusement pas à absorber les conséquences désastreuses d’un marché toujours plus ouvert.

En finalisant cet accord commercial, l’Union Européenne est en décalage total avec les défis qui nous attendent et le besoin d’enracinement des peuples. Alors que la notion de souveraineté alimentaire resurgit avec force en ce temps de crise, il est impensable que la France accepte de continuer à creuser sa tombe sans réagir. La relocalisation de notre production n’est plus une option : elle est désormais un impératif. Le rapport publié en mai 2019 par Laurent Duplomb, sénateur LR et agriculteur, indique que les importations de produits agroalimentaires ont presque doublé en France, alors qu’une majeure partie pourrait être produite sur son territoire. « À ce rythme, la France connaîtra son premier déficit commercial agricole en 2023 » ajoute-t-il.

Le 13 avril, Emmanuel Macron déclarait : « Il nous reviendra aussi dans les prochaines semaines de préparer l’après. Il nous faudra rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle, et technologique française, et plus d’autonomie stratégique pour notre Europe ». Le moment est venu de passer de la déclaration d’intention aux actes.