fin-de-vieL’euthanasie. Vous en entendez parler depuis plusieurs mois. Voire beaucoup plus, si l’on considère que c’est le énième projet de loi sur la fin de vie depuis 10 ans. Peut-être avez-vous participé à diverses manifestations ou signé des pétitions pour défendre la vie. Mais sur ce sujet difficile, il est de plus en plus difficile de rester mobilisés tant l’alarme a été donnée. D’ailleurs, savez-vous qu’une proposition de loi sur la fin de vie de MM. Claeys et Leonneti, a de fortes chances d’être adoptée prochainement ?

Sur ce sujet délicat, le sens des mots est primordial. Au premier abord, il est difficile de s’opposer aux intentions des députés PS et LR : mourir dans la dignité, mettre fin à la souffrance… Voici des aspirations que nous ne pouvons que partager.

Et pourtant, Sens Commun s’oppose à ce projet et vous appelle aujourd’hui à rester mobilisés. Les enjeux de ce texte sont extrêmement importants puisqu’il contient en lui le renversement d’un des fondements de notre société : l’interdit de donner la mort. Depuis 1981, plus personne n’a légalement le droit de vie ou de mort sur une autre en France. Revenir sur ce principe, c’est ouvrir la porte à de nombreuses dérives.

Revenons-en aux mots : ce projet est intitulé « projet de loi créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie ». Première ambigüité : il met sur un même plan des personnes atteintes d’une affection grave et incurable sans pronostic vital engagé (dont ceux en état végétatif) et des personnes en fin de vie. Mais peut-on aborder deux états différents de la même manière ?

Il autorise ces personnes à recevoir un sédatif jusqu’au décès et à cesser tout traitement. Seconde ambigüité : l’hydratation et l’alimentation artificielles sont désormais considérées comme un traitement. Alors qu’il était aujourd’hui possible, dans certains cas bien déterminés, de cesser de donner artificiellement à manger à une personne, cela deviendra désormais « obligatoire », sous prétexte que cela la maintient en vie. Même si le mot « euthanasie » n’est jamais prononcé, il n’y a pas beaucoup de doutes sur l’issue d’un tel acte.

La mise en place de ces pratiques interviendra soit sur demande du patient, soit en suivant des demandes préalablement écrites, soit selon le principe de refus de « l’obstination déraisonnable ».

Troisième ambigüité : si aucune directive anticipée n’a été écrite, la seule condition du patient (un état « pauci-relationnel » comme par exemple Vincent Lambert) autorise l’arrêt de tout traitement pour lui assurer une mort « digne ». Mais à partir de quand la vie cesse-t-elle d’être « digne » ? Quand la personne perd conscience ? Mais dans ce cas, ne pourrait-on pas aller vers l’avortement post-natal puisque des écrits récents dans la revue internationale Journal of Medical Ethics refusent la conscience aux nourrissons ? Et une personne âgée qui « perd la raison » a-t-elle vraiment « conscience » de ce qu’elle est ?

C’est ici qu’apparaît réellement toute l’horreur de cette loi : derrière les intentions louables, il y a avant tout une logique économique. Une personne en état végétatif ne rapporte rien, financièrement parlant, à la société. Cela va même plus loin : elle ne supporte plus la dégradation physique et psychique de la personne malade. Plutôt que de l’accompagner, il est tellement plus simple de lui donner une mort « digne ».

Ainsi, sous couvert de nobles mots, cette loi a trouvé un moyen efficace et gratuit de régler un « problème ». Cela lui permet d’éviter de mettre en place de vraies solutions comme le développement des soins palliatifs. Pourquoi traiter la douleur de la fin de vie puisqu’il existe un moyen plus radical ? Pourquoi accompagner psychologiquement les patients en fin de vie puisqu’il existe une solution plus facile au syndrome dépressif ? Pourquoi débloquer des fonds pour le développement des soins palliatifs puisqu’il y a des moyens pour faire des économies ?

A Sens Commun, nous voulons répondre très clairement : parce que la valeur de la vie est au-dessus de tout le reste.