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Depuis qu’ils se sont invités à la table de l’UMP, en pleine campagne pour la présidence du parti, pour arracher à Nicolas Sarkozy la promesse «d’abroger» le mariage pour tous, les militants de Sens Commun n’ont pas perdu l’appétit. Déjà, Madeleine Bazin de Jessey, la cofondatrice de ce petit parti issu de la Manif pour tous et partenaire de l’UMP, a été catapultée dans l’organigramme du parti secrétaire nationale en charge des programmes de formation. Mais le petit parti n’entend pas s’arrêter en si bon chemin et revendique ce mardi le lancement des «États généraux de la droite et du centre». Cette série de huit forums inter-régionaux dédiés aux grands thèmes régaliens et adressé au «peuple de droite», entend accoucher d’une série de mesures concrètes que les militants de Sens Commun espèrent voir intégrées dans le programme du candidat de la droite en 2017.

«Dans le concert des polémiques superficielles et des tactiques en vue des présidentielles, nous souhaitons recentrer le débat politique sur le fond», proclame le communiqué du parti. «Nous voulons préempter le concept d’États généraux à droite. Maintenant que le dispositif d’organisation des primaires a écarté les problématiques de personnes, nous jugeons nécessaire et urgent de commencer le travail sur le fond, car c’est cela qu’attendent les Français», explique au Scan un membre de la direction de Sens commun. «Les hommes politique vont approcher la primaire et la présidentielle avec un catalogue de propositions marketé façon La Redoute». Et ce cadre de déplorer: «En général les questions de programme ne passionnent pas les politiques». «Nous pensons au contraire que les Français attendent des vraies perspectives et des mesures peut-être moins nombreuses, mais concrètes, cohérentes, et qui soient appliquées», ajoute-t-il.

«Agitateurs d’idées»

Quitte à déranger le programme des équipes de campagne des candidats à la primaire de la droite de 2016: «Notre action est complémentaire à celle de l’UMP. Si nous voulons l’alternance il faut la construire avec du fond. Nous sommes des agitateurs d’idées, pas des militants béni-oui-oui», tanche ce membre de la direction de Sens Commun. Terminé donc le temps des coups d’éclat où Sens Commun jouait au lobby pour bousculer l’UMP en y faisant entrer -parfois au forceps- les seules thématiques de société portées par la Manif Pour tous. Aujourd’hui, la petite formation vise large et prétend proposer ses idées sur tous les sujets: santé, économie, affaires étrangères ou encore écologie.

En novembre dernier, Sens Commun s’était invité dans la campagne pour la présidence de l’UMP. Hervé Mariton, Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire s’étaient succédés à la tribune d’un meeting. Ce dernier s’était fait huer pour avoir refusé de remettre en cause la loi Taubira. Nicolas Sarkozy, lui, avait été ovationné par la salle en proposant son abrogation. «Ça ne coûte pas trop cher» avait lancé l’ancien président.

Un meeting national en 2016

Les états généraux de la droite et du centre doivent s’étaler entre le mois de juin et la fin de cette année. Ils se concluront par un «meeting national» début 2016. Les propositions qui émergeront de ces rencontres devraient servir de base à un texte, «La France que nous voulons», qui sera soumis aux candidats à la primaire. Une manière d’introduire des prémices d’une démocratie participative, chère à Ségolène Royale depuis la campagne de 2007, mais au sein du premier parti de droite. La direction du mouvement ne précise pas pour l’heure si elle conditionnera son soutien à la ratification de ces propositions. Mais il y a fort à parier que Sens Commun, ses 8 à 10 000 adhérents, et son programme «remonté du terrain» sauront à nouveau trouver l’oreille attentive des prétendants à la présidence de la République.