Lorsque l’on évoque transhumanisme, on pense immédiatement au cyborg, un homme augmenté par la machine dont la capacité physique dépasse de beaucoup tous les records établis. Ce personnage de science-fiction parait au premier abord une pure création de l’imagination, dont la réalisation demeure bien lointaine.

Toutefois, la pensée du transhumanisme avance et se concrétise aujourd’hui dans de nombreux laboratoires de recherches. A Sens Commun, nous pensons qu’il est important de réfléchir à ce sujet qui pose de nombreuses questions éthiques afin de poser les limites. Par transhumanisme, nous entendons le fait que l’homme puisse être augmenté par la technologie, c’est-à-dire que par les progrès scientifiques, nous pouvons repousser les limites naturelles de l’homme pour le libérer des contraintes de la nature. Né dans les années 80 dans la Silicon Valley, le transhumanisme repose sur la volonté d’utiliser les sciences et techniques pour améliorer les caractéristiques physiques et mentales de l’homme.

Les recherches abondent en ce sens et les expériences concluantes aussi. En mars 2016, le champion Lee Se-Dol du jeu de Go, jeu de stratégie asiatique, a été battu par un ordinateur après une partie âprement disputée. En 2013, le laboratoire Calico a été fondé par Google dans le but de combattre le vieillissement. En 2016, des biologistes de l’Université de Cambridge parvenaient à faire croitre un embryon humain jusqu’à 13 jours, s’arrêtant au 14ème pour ne pas franchir la limite établie en 1970 lors des premières expérimentations sur les bébés éprouvettes. Les exemples de réalisation sont légions. Bien plus qu’un mythe moderne d’Icare, qui voulait échapper au Minotaure grâce à des ailes de cire mais vola trop près du soleil et tomba, les progrès scientifiques abondent dans le sens du transhumanisme, ils repoussent sans cesse plus loin les limites de la condition humaine.

Quels sont les risques liés à de telles recherches ? Doit-on en avoir peur ?

L’association Française Transhumaniste, qui milite dans le sens du progrès, définit un certain nombre de risques liés aux technologies elles-mêmes : en augmentant les technologies, on augmente la possibilité d’espionnage, les prothèses technologiques pourraient être contrôlées à distance… Mais surtout et avant tout, nous pourrons perdre tout contrôle sur ces technologies, comme dans 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick où l’ordinateur intelligent Hal finit par prendre le contrôle du vaisseau. Ces risques sont d’autant plus grands que les prémices d’une amélioration de l’homme par la technique sont déjà présentes.

La vraie question est de savoir si nous devons craindre ces avancées, si nous devons tout mettre en œuvre pour les arrêter, en prenant le risque de jeter le bébé avec l’eau du bain. Certaines avancées technologiques médicales sont bonnes et souhaitables car elles permettent d’opérer des patients avec toujours plus de précisions. Mais le problème est que ces avancées ne s’en tiennent pas à ces progrès philanthropiques.

Dans La France contre les Robots, écrit en 1946, George Bernanos écrit : «Ainsi, le progrès n’est plus dans l’homme, il est dans la technique, dans le perfectionnement des méthodes capables de permettre une utilisation chaque jour plus efficace du matériel humain ». Les machines viennent remplacer les exigences d’apprentissage et de perfectionnement que l’on peut attendre de l’homme. Un exemple très simple pour comprendre cela est la phrase que l’on entend bien souvent : à quoi cela sert-il d’apprendre par cœur maintenant que l’on a Google ?

Le transhumanisme veut transformer le corps pour l’améliorer, le maîtriser. Où se trouve la limite entre le soin du corps et sa transformation en valeur marchande ? Question difficile, mais qui souligne la nécessaire régulation de la science par l’éthique et une anthropologie solide.