Chers amis,

Comment ne pas avoir, en ces fêtes de Noël et à l’orée d’une nouvelle année, une pensée pour les Chrétiens de par le monde, et en particulier les Chrétiens d’Orient, successeurs des premiers témoins de l’annonce de la loi nouvelle de Charité ? Or, sur le plan politique, force est de constater qu’ils sont le groupe le plus persécuté au monde avec un Chrétien sur sept victime de persécutions.

Dans un entretien au Figaro Vox, l’institut chrétiens d’Orient recense ainsi la disparition de 90% des chrétiens d’Irak, de la moitié des Syriens, et l’exode d’une grande partie des Libanais. Dans le Haut-Karabakh, plus de la moitié des chrétiens arméniens ont dû se réfugier, tandis que les 120.000 restant subissent le blocus. En Afrique, plus de 130 chrétiens ont été massacrés au Nigéria la nuit de Noël, en 20 attaques coordonnées par des mercenaires de Boko Haram, affiliés à l’Etat islamique.

La France, protectrice des chrétiens d’Orient : Il ne s’agit pas d’une déclaration universelle et poétique. Cette mission, cette vocation, la France l’a assumée dès ses origines, à l’appel de Saint Bernard ou encore sous l’élan de Saint Louis. Cette mission, la France se la voyait reconnaître encore du temps de François Ier par le souverain ottoman. Et c’est encore ce souvenir qui fait se tourner tous les regards quand le Liban subit la guerre civile de 1975 à 1990. Si la place de la France s’estompe à la mesure de ses contradictions et de son manque de courage politique, elle n’en reste pas moins un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, dont la voix et le positionnement sont écoutés attentivement, et dont les moyens d’action restent considérables en proportion de ceux des pays de la région.

C’est avec ce même esprit que nous abordons la guerre à Gaza. Comme je l’ai souligné dans mon discours du 13 octobre dernier, l’attaque du Hamas soulève le cœur. Inhumaine et révoltante, elle appelle notre compassion et notre solidarité à l’égard des victimes israéliennes qui ont été massacrées, violées, torturées, séquestrées, en simple haine de leur judéité. La barbarie du Hamas ne saurait rester impunie, pas plus qu’elle ne doit rester en mesure de se manifester de nouveau. Israël est un Etat souverain et se protéger est non seulement un droit mais aussi un devoir. La communauté de vue et le combat que nous partageons face aux racines idéologiques de la barbarie islamique n’emporte cependant pas de lien avec le reste de sa politique intérieure comme étrangère. En témoigne l’erreur que constitue le soutien à l’Azerbaïdjan contre la petite et chrétienne Arménie, elle-même prise en étau entre son agresseur armé et la Turquie.

Plus que jamais, à Gaza comme ailleurs, Israël doit se souvenir de la présence de minorités chrétiennes, dépourvues d’intentions hostiles, et titulaires d’une incontestable continuité historique. En Terre sainte, la diplomatie française défend depuis 1947 la solution à deux Etats, et le statut international de Jérusalem. Nous ne saurions nous écarter de cette voie de prudence et de sagesse traditionnelle, sans laquelle la dimension étroitement religieuse du conflit, propre à la Terre sainte, pourrait prendre des proportions excessives. La lutte contre le Hamas lui-même renvoie à un mode d’adversité que la France a connu lors des guerres de décolonisation : la guerre asymétrique, qui oppose une armée régulière à des combattants qui prennent en otage la population au milieu de laquelle ils se dissimulent. Cette guerre est des plus difficiles, car la population civile n’est pas seulement une victime collatérale du conflit : elle est le but de la terreur que font régner les terroristes. Elle est l’otage de la violence physique comme de la pression psychologique.

Dans ce contexte, ce serait une faute d’oublier qu’en Palestine vivent des Chrétiens, catholiques ou grecs-orthodoxes, qui étaient à Gaza bien avant l’arrivée de l’islam et qui, à l’instar des Sœurs de Mère Térésa, assurent des œuvres de charité auprès des personnes handicapées et âgées. Leur vie a toujours été chaotique, considérés Palestiniens par les Israéliens, sommés par les Palestiniens musulmans radicalisés de se convertir à l’islam ou de partir. Partir serait signer la disparition définitive du Christianisme dans cette région. Partir, et pour aller où ? Précisément, la présence des Chrétiens à Gaza nous rappelle qu’il ne suffit pas d’emporter la maîtrise du terrain, et de dégager l’étau du Hamas. Encore faut-il gagner l’estime et la confiance de la population. Manifester sa supériorité morale et politique sur l’adversaire, par sa capacité à garantir la paix, la sécurité, et l’égalité des ressortissants de toutes les communautés. Et remporter de ce fait la bataille de l’opinion.

Pour toutes ces raisons, le Mouvement Conservateur ne peut qu’appeler à la prudence et à déployer tout ce qui, in fine, permettra l’avènement de la Paix. Quel meilleur moment pour le faire que ce temps qui s’étend de Noël à l’Epiphanie et célèbre, pour les Chrétiens du monde entier l’avènement du Prince de la Paix ? Que cette nouvelle année 2024, forte de la vigueur nouvelle de résolutions politiques, donne à chacun la force d’agir et de témoigner, à la hauteur de ses moyens, dans l’objectif de ce règne de paix et de justice que nous appelons de nos voeux. Le Mouvement Conservateur poursuivra son engagement constant dans l’arène politique, et portera hautes ses convictions dans l’échéance européenne du 9 juin 2024.