Laurence Trochu : “C’est une autorisation à islamiser la société qui a été délivrée”

Candidate Reconquête! dans la 1ère circonscription des Yvelines, Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur, se désespère de voir qu’aucun autre candidat ne s’inquiète de la réalisation prochaine d’un gigantesque complexe islamique aux portes de Versailles. Pour elle, cet enjeu civilisationnel, doit être une priorité. Entretien.

Valeurs actuelles. À Guyancourt, dans les Yvelines, à quelques kilomètres du château de Versailles, un complexe islamique devrait voir le jour. En quoi est-ce un déni de démocratie ?
Laurence Trochu
. Le préfet des Yvelines et le maire de Guyancourt ont, sans consulter la population, autorisé la réalisation d’un complexe islamique de 7 500 m² en plein quartier résidentiel. Ce projet se présente comme “un espace de prière, d’instruction, d’étude grâce à une école coranique, de divertissement et d’accueil”. Il ne s’agit donc pas de la construction d’une mosquée, entendue comme seul lieu de prière. C’est un lieu de vie qui donnera aux Guyancourtois de confession musulmane la possibilité de vivre “en halal”, c’est-à-dire conformément aux préceptes islamiques qui régentent tous les aspects de la vie, puisque l’islam n’est pas seulement une religion mais un ensemble de codes. Autrement dit, c’est une autorisation à islamiser la société qui a été délivrée.

Ce projet suscite-t-il l’inquiétude des riverains ?
La réalité du carré de trottoir nous montre des écarts grandissants entre les mœurs françaises et les codes sociaux des personnes se réclamant des traditions islamiques. Les riverains l’expriment pudiquement. Ils partagent d’abord leur inquiétude quant à l’afflux constant de voitures en plein cœur d’un quartier résidentiel qui sera privé de sa tranquillité. À mesure que la parole se libère, ce n’est rien d’autre que la réalité d’un grand remplacement qui est décrite.

Vous évoquez cette « réalité du grand remplacement ». En quoi la ville de Guyancourt est-elle un cas d’école ?
Guyancourt est un cas d’école et pose le problème central du multiculturalisme : il prétend être gage de paix perpétuelle par le dialogue, la négociation et le consensus entre des communautés aux intérêts divergents qui pourraient cohabiter sur un même territoire, pour peu que la civilisation occidentale ne soit qu’une option parmi d’autres ! Or une société ne peut se résumer à la somme des unités qui la composent ; il faut une certaine uniformité à même de les unir.

Quel risque ce multiculturalisme qui s’impose à bas bruit fait-il peser ?
Lévi-Strauss, lors d’une conférence intitulée Race et Culture, et prononcée en 1971 à l’UNESCO, défendit la thèse selon laquelle les sociétés doivent maintenir un certain degré de protection culturelle pour pouvoir subsister. Cette prise de position en choqua plus d’un, surtout chez de nombreux intellectuels de gauche. Elle fut pourtant parfaitement cohérente avec ce qu’il constata tout au long de sa vie : une société, pour exister, doit se caractériser par un ensemble de mœurs relativement homogènes qui la définissent de manière exclusive par rapport aux autres.

Si le pays d’accueil doit se transformer, en reniant ce qu’il est, il perd son statut et son identité héritée de son histoire, de sa culture et des modes de vie qui en découlent. Le ciment qui fonde l’unité de la nation se fissure au profit de communautarismes qui se développent côte à côte et risquent, selon l’expression même de Gérard Collomb au moment de sa démission du ministère de l’Intérieur, de se faire face. Les sociétés multiculturelles ne sont jamais sereines ni apaisées, et les différentes communautés, centrées sur leurs intérêts divergents, toujours en conflit.

Un contre-projet politique existe-t-il ?
Intégrer une population culturellement très éloignée n’est possible que si le greffon adhère à la sève de la nation pour partager les mêmes racines, s’abreuver à la même source et croître ensemble. Au multiculturalisme, défini par Mathieu Bock-Côté comme « une idéologie fondée sur l’inversion du devoir d’intégration », sachons opposer la volonté politique que tous apprennent à dire « nous » avec la société d’accueil. L’objectif d’assimilation présuppose donc que la France sache qui elle est, qu’elle n’ait pas honte de transmettre son héritage et que les accueillis soient disposés à le recevoir. Sinon, la culture d’une nation n’est plus qu’un communautarisme parmi d’autres.

Comment la France peut-elle recouvrer son identité ?
La nation doit conserver, ou recouvrer son identité, notamment culturelle, en réorganisant l’apprentissage de ce qui nous lie et de ce qui nous relie aux générations précédentes. Au fond, cette démarche consiste à réaffirmer qu’il existe bien une identité nationale et une culture française, ou selon les mots de Renan, une âme : « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. »

C’est la noble tâche de l’instruction et de l’éducation, non pour nier les errements de notre passé ni pour en porter à vie une responsabilité de pénitents agenouillés, mais pour retrouver la fierté et la grandeur de la civilisation occidentale. La transmission de la mémoire commune et la formation du jugement critique sont des impératifs qui s’érigent en remparts contre l’enseignement doctrinal de l’oubli et du renoncement.

À cette aune, comment avez-vous réagi à la nomination de Pap Ndiaye, rue de Grenelle ?
La nomination de Monsieur Pap Ndiaye, dont les travaux et les engagements indiquent une proximité avec les courants idéologiques wokistes et multiculturalistes, au ministère de l’Éducation, n’est pas de nature à rassurer. Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs salué ce choix. Il se pourrait bien que le “nouveau peuple” qu’Emmanuel Macron appelle de ses vœux en ce début de quinquennat soit en fait le “peuple créolisé” que Jean-Luc Mélenchon annonce depuis le congrès d’Épinay en 2019 : « Je n’ai pas peur de le dire, ceux que vous voyez dans ces quartiers, c’est la nouvelle France. Celle sur laquelle nous nous appuierons pour construire et faire tout ce qu’il y a à faire dans ce pays demain, tout changer. » Nous sommes prévenus.

Comment expliquez-vous que les politiques soient si frileux à s’emparer réellement de ce sujet ?
Parce qu’ils ont finalement plus peur des mots pour en parler que de la réalité elle-même, ils se taisent. Je ne suis donc pas surprise d’être la seule, dans cette campagne législative à Versailles, Guyancourt et Montigny, à nommer les choses et à faire de cet enjeu civilisationnel une priorité.