Le Figaro – Pages Débats – édition du 9 mars 2017

TRIBUNE – Pour le président du collectif Sens Commun, la mobilisation du dimanche 5 mars n’était en rien le fait de «militants radicalisés». Elle porte tout simplement les aspirations et les doutes du peuple de droite.

Ceux qui prédisaient un échec du rassemblement de François Fillon dimanche au Trocadéro sont les mêmes qui tentent aujourd’hui de minimiser son succès en invoquant la radicalisation de ses participants et la puissance des réseaux soi-disant «intégristes» de Sens Commun. Une fois encore, trop de commentateurs ou d’acteurs politiques brandissent l’anathème pour éviter d’être confrontés aux exigences du réel. Mais un mensonge répété mille fois ne fait pas une vérité et la gravité de la situation impose de comprendre les aspirations profondes du peuple de droite.

Non, cette foule compacte et digne n’était pas composée «d’extrémistes» ou de «passéistes». Elle n’insultait pas les institutions, n’a brisé aucune vitrine, ne revendiquait aucun avantage social mais s’inquiétait de n’être ni entendue ni comprise. Dimanche, elle est venue répéter le message de la primaire: il faut mettre un terme à la situation de chaos et d’injustice qui se développe dans notre pays depuis cinq ans. Ces dizaines de milliers de personnes venues braver les intempéries sont lasses des fictions sociales qui leur sont imposées. Elles savent qu’il est impossible de dire à chacun «qu’il peut vivre au détriment de tout le monde». Elles refusent l’avènement d’une société gouvernée par les banques d’affaires internationales et les intérêts de puissances financières. Pour toutes ces raisons, elles accordent leur confiance à François Fillon qui défend sans démagogie l’idée d’une France protectrice et solide, une France consciente de son histoire et de ses valeurs et prête à jouer pleinement son rôle dans une économie moderne et ouverte. Croire que le bon sens de cette foule tient de la radicalité relève de l’irresponsabilité politique ou de la malhonnêteté partisane.

Non, Sens Commun qui a largement mobilisé ses réseaux dimanche n’est pas un groupuscule identitaire et religieux qui menace les fondements de la République. Ces fables destinées à nous réduire au silence sont un déni de démocratie et un calcul idéologique. Nous sommes à l’image de la diversité de nos adhérents mais puisons notre cohérence dans une exigence ferme: la politique demeure au service du bien commun. Certains viennent du centre, d’autres de la droite traditionnelle, parfois même de la gauche. Certains sont chrétiens, d’autres musulmans, juifs ou athées. Mais tous ont en commun de vouloir l’avènement d’un homme debout et responsable, capable d’aller dans le monde pour lui donner un sens, soucieux de s’enrichir au contact d’autrui. Nous nous reconnaissons pleinement dans la cohérence du programme de François Fillon et dans la solidité dont il fait preuve. Avons-nous exigé quelque chose en retour? Rien excepté le respect de son programme et le courage de redresser le pays car nous savons que le déclin d’une société s’opère d’abord au détriment des plus faibles.

Il est possible de s’accommoder du mépris et d’ignorer les caricatures mais la gravité de la situation nécessite de comprendre deux points essentiels.

Ces dizaines de milliers de personnes qui venaient de toute la France portent les aspirations et les doutes du peuple français. Aujourd’hui, le clivage le plus important n’est plus entre la droite et la gauche mais entre ceux qui perçoivent les aspirations du peuple et ceux qui s’obstinent à les ignorer par calcul ou par aveuglement. Les Français ne comprennent plus la déconnexion toujours plus grande entre les élus et le corps électoral. Alors que des terroristes tuent nos enfants, que certaines banlieues s’embrasent, que le monde agricole est en train de mourir, le spectacle indécent des calculs de boutiquiers et l’acceptation de la fatalité des technostructures décrédibilisent la classe politique dans son ensemble.

Nous côtoyons pourtant des élus remarquables de lucidité et de courage. Nous exhortons les cadres et les élus du parti à entendre ce que les Français leur disent. Les microcosmes médiatico-politiques coupent progressivement les élites de la réalité du pays. Le peuple français existe encore et veut être entendu. Il exige une rupture avec les logiques de renoncement qui conduisent le pays vers le chaos. Profondément attaché à la culture française, il sait que la nation est capable de fédérer des singularités autour de principes et de projets communs mais refuse un multiculturalisme hors sol qui entend faire cohabiter des communautés repliées sur leur identité ou leurs avantages.

Le rassemblement républicain de dimanche met aussi en lumière une autre réalité fondamentale: la droite ne peut gagner l’élection présidentielle qu’à la condition de réaliser une synthèse qui ne dénature ni la cohérence du programme, ni la vision déployée lors de la primaire. Bien sûr, la droite doit être plurielle et il lui faut composer avec tous les courants. Toutefois, la synthèse ne doit pas devenir un marécage incapable de porter un projet et de soutenir des valeurs. Le vote de la primaire, massif, imprévisible et sans appel, a validé un message clair et fort: les bulles politiques qui reposent uniquement sur de la communication explosent les unes après les autres.

Les Français ne sont plus dupes. François Fillon a rendez-vous avec l’histoire. Il continue de remplir les salles en dépit de l’acharnement dont il fait l’objet parce que son assise, comme l’était celle de Charles de Gaulle, est populaire avant d’être partisane: il sait toucher le cœur des Français et répondre à leurs préoccupations. Il gagnera parce qu’il est fidèle à son projet et reste à l’écoute de ceux qui l’ont désigné en novembre. Ils lui ont renouvelé leur confiance dimanche et la renouvelleront aux prochaines échéances électorales.