La génération Z a-t-elle un problème avec le travail ? C’est la question posée sur les réseaux sociaux par BFM Business la semaine dernière. Près de deux votants sur trois ont exprimé leur accord avec cette assertion. Et les plus âgés des répondants soulignent l’implication moins grande au travail de ces jeunes nés à partir de 1997.

Ces jeunes « n’ont pas envie d’être asservis et de perdre leur vie à la gagner », commente une enseignante en master 2, d’où leur insistance sur un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée et la nécessité de trouver du sens à son travail.

La question du sens et du plaisir au travail ne daterait pas d’aujourd’hui, mais a été initiée par les travailleurs qui « ont 40 ou 50 ans », ajoute Julien Badr, Président du Mercato de l’emploi, une plateforme de recrutement française. La génération Z ne fait que poursuivre « ce chemin-là ».

Je me souviens en effet d’une réunion de rentrée dans un lycée renommé qui a défrayé la chronique il y a quelques semaines. Le directeur parlait de la relation qu’ont les élèves au travail scolaire et, s’adressant aux parents, mettait le doigt sur un sujet crucial : « Si vous, parents, ne voyez la semaine que comme un fil tendu entre deux week-ends, comment voulez-vous que vos enfants aiment travailler ! »

Le sujet qui va être abordé dans la prochaine table ronde de cette Convention sur le travail est : « comment promouvoir des conditions de travail propices à la santé, à l’épanouissement et à la participation des salariés ». Cette question se pose dans un contexte où les manières de travailler ont profondément évolué : apparition simultanée de changements technologiques et communicationnels, de changements ou de pertes des repères de la société, émergence de nouvelles valeurs individualistes.

Les temps s’accélèrent, les hommes courent pour suivre le rythme infernal des nouvelles technologies, des machines et des contraintes économiques et administratives. Les personnes au travail subissent non seulement la pression du temps rythmé sur les machines et le « tout, tout de suite », mais aussi celles des évaluations omniprésentes, des contraintes de résultats et de profit et, enfin, la pression issue de la peur de perdre leur place devenue rare par les temps qui courent.

La discussion s’ouvre aussi dans un contexte social des plus tendus. La révolte des agriculteurs partout en Europe met en lumière que ce qui sous-tend la recherche de bonnes conditions de travail relève de la justice :

  • Justice organisationnelle à l’épreuve des normes, des procédures et de la paperasserie
  • Justice distributive qui doit faire se rencontrer ce que le travailleur apporte et ce qu’il reçoit
  • Justice procédurale qui vise la clarté et la transparence dans la prise de décision
  • Justice interactionnelle qui prend soin des relations entre les personnes au sein d’une entité

Rien de cela dans le monde du travail pour nos paysans ! On comprend dès lors le suicide des agriculteurs dont on me disait hier qu’il était plutôt de l’ordre de 2 morts par jour !

Souffrance, mal-être, antisocialité, harcèlement, addiction, burn out ou à l’inverse bore out, chômage, absentéisme, suicides… Si nous organisons une Convention sur le travail, c’est bien évidemment pour trouver des solutions en amont plutôt qu’en aval, trouver des moyens de prévenir plutôt que de guérir.

En visant le bien-être au travail, à savoir « un état agréable, équilibré et durable de l’esprit et du corps en notant l’absence de souffrance, troubles ou inquiétude », nous ne nous contentons pas d’une approche psychologisante du sujet. Nous voulons remonter aux causes qui permettent des conditions de travail propices à la santé, à l’épanouissement et à la participation des salariés. Et si je conclus en m’appuyant sur la philosophe Simone Weil, c’est pour rappeler les besoins de l’âme humaine qu’elle avait analysée dans son ouvrage « Enracinement » :

« L’ordre, la liberté, l’obéissance, l’initiative et la responsabilité, le sentiment d’être utile, et même indispensable, l’égalité et la hiérarchie, l’honneur, la liberté d’expression, la sécurité et la prise de risque, la propriété privée, la participation aux biens collectifs et, pour finir, le besoin de vérité. »

Il y a dans cette énumération de quoi inspirer des solutions concrètes et je remercie les intervenants de la table ronde Mathieu Detchessahar, Jean-Claude Delgènes et Bruno Vercken de puiser dans leurs expériences et leurs réflexions pour nourrir nos engagements politiques au service des Français.

Retrouvez nos propositions pour l’économie et l’emploi !

Cliquez ici afin de visionner l’intégralité de notre Convention sur le travail.

Crédit : ©Nolhwenn Grégoire