Nous rendons ce dimanche hommage à nos mères. Je sais bien qu’il y aura ici et là des écoles qui fêteront parent 1 ou 2 au nom du sacro-saint principe d’indifférenciation et de l’affirmation du collier de nouilles non genré. Mais dans les maisonnées, ce sont des cœurs de mères qui écouteront la larme à l’œil le poème appris à l’école, et s’émerveilleront devant le prodige de la vie. La routine légale et triste reprendra ses droits dès le lendemain. Les 363 autres jours de l’année, les cœurs de mère sont mis sous cloche, niés – « invisibilisés » comme dit Sandrine Rousseau, – et dare-dare pleuvent les injonctions de n’être pas trop mère – voire pas mère du tout – pour mieux réussir sa vie. Depuis cinquante ans, le féminisme établit homme et femme comme adversaires. Une concurrence somme la femme d’être l’égale et même la supérieure du modèle masculin dont elle veut pourtant se débarrasser, condamnant ainsi la mère qui est en nous à la prison du silence et de l’effacement.
Libérons les femmes du féminisme !
L’idée que les femmes seraient empêchées de mener une existence à part entière est déjà présente au XIXème siècle dans la littérature saint-simonienne. Pour détrôner le mâle, il faut sacrer la femme puis indifférencier les sexes. Dépasser les genres pour ne retenir que l’individu, ce qui ne se divise pas. Les disciples de Saint-Simon ont ainsi ouvert la voie à la liquidation des identités sexuelles, ce que recouvre parfaitement l’expression « genderfluid ». La perfection et l’égalité seraient incarnées par l’androgyne. Plus de hanches pour porter l’enfant, plus de seins pour le nourrir. Castration chimique au nom de la libération sexuelle et avènement de la PMA pour femmes seules. Congélation des ovocytes et instigation à avorter au nom du droit au choix… de repousser l’enfant.
Tiraillées, les femmes du 21ème siècle sont déchirées entre maternité et vie professionnelle. Annoncer une grossesse à son patron génère du stress et même de la honte ! Jongler entre la vie familiale et la vie professionnelle instille le sentiment de devoir être partout et de n’être bien nulle part. « Quand reprends-tu le travail ? » n’est plus une question mais une injonction d’ordre moral. Pourtant, l’Unicef reconnaît les 1000 premiers jours de l’enfant comme « une période d’importance critique dans le développement humain et la construction du capital santé de chacun ». En France, où règne le « en même temps » gouvernemental, ce sont les mêmes qui annoncent que « Miser sur les 1000 premiers jours, c’est miser sur l’avenir » et qui ont réduit la liberté des parents d’organiser le congé parental à leur rythme. Il fallait comprendre : dès les 1000 premiers jours, c’est dans la crèche de collectivité que, bon gré, mal gré, doit s’épanouir votre enfant. « Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents » affirmait Laurence Rossignol en 2013 sur France 2, avant de devenir ministre de la Famille. Mais les places de crèches, nous ne les avons pas. Et selon un rapport de l’IGAS du 11 avril 2023, en raison d’un taux d’encadrement insuffisant dans les crèches, se multiplient les maltraitances.
« Service public de la petite enfance » : les effets de manche de Madame Borne !
Elisabeth Borne vient de présenter sa réforme de l’accueil du jeune enfant censée créer un pompeux « service public de la petite enfance ». En matière de « service », il n’y a pas grand-chose dans ces annonces. Comment la majorité pense-t-elle créer 200.000 places en 7 ans alors qu’elle n’est pas arrivée à en créer 30.000 en 5 ans ? Tout provient du manque de vocations, qui peut s’expliquer par des rémunérations trop basses mais aussi par une considération insuffisante à l’égard des métiers de la petite enfance, conséquence d’une politique anti familiale menée depuis 50 ans.
Et en matière « publique », il faut avoir le sens de l’ironie. Car faute de capacité à multiplier les crèches, c’est désormais vers les assistantes maternelles que le gouvernement se tourne, après les avoir ignorées pendant des décennies. 120.000 d’entre elles sont sur le point de partir à la retraite et les vocations se tarissent. Pendant longtemps, seul le modèle de la crèche collective a été encouragé. Pourtant, le modèle de l’assistante maternelle est plus économique et offre une meilleure personnalisation de l’accueil des enfants. La CNAF devrait d’ailleurs porter à l’échelle nationale un grand plan de revalorisation de ce métier, pour inciter les jeunes françaises à l’envisager.
Mais avec un plan d’un milliard par an, nous arriverons loin de la cible, prévient le Haut Conseil à la Famille. Or, alors que la branche Famille était excédentaire de plus de 3 milliards, le gouvernement a préféré puiser dans cet excédent pour s’efforcer, sans succès, de combler le trou de l’Assurance maladie.
Mépriser la femme qui fait le choix de se consacrer au soin et à l’éducation de son enfant n’est rien d’autre qu’une violence faite aux femmes.
C’est enfin et surtout signer l’arrêt de mort du rôle irremplaçable des mères de famille. Respecter et protéger les femmes, c’est pourtant reconnaître et valoriser ce qu’elles ont d’unique, le fait de porter la vie et d’avoir avec l’enfant un lien charnel qu’aucune idéologie ne peut abolir, n’en déplaise à Simone de Beauvoir avec sa négation de l’instinct maternel. Mépriser la femme qui fait le choix de se consacrer au soin et à l’éducation de son enfant n’est rien d’autre qu’une violence faite aux femmes.
En lieu et place de cette politique bricolée et financée sur la baisse de la natalité que ne vient compenser aucun effort d’investissement, c’est d’un changement de mentalité portée par des mesures politiques ambitieuses dont la France a besoin. Il nous faut « réenchanter la maternité », comme l’écrit si bien Marine de Poncins dans son essai « Co-naissance » : mettre fin à la guerre des sexes, laisser à la femme la possibilité d’être elle-même, autrement dit laisser la femme être aussi une mère et reconnaître que réussir sa vie ne se résume pas à réussir sa vie professionnelle. Il y a là un stéréotype à déconstruire pour réévaluer la contribution de la femme-mère dans une France en grave crise démographique.
Le modèle hongrois est source d’espérance et d’inspiration, à la condition que s’effectue une révolution copernicienne : « Concilier le travail avec la maternité, au lieu de concilier la maternité avec le travail. » En 2020, exonération d’impôts pour les mères de quatre enfants et plus ; en 2022, pour les jeunes de moins de 25 ans ; en 2023, pour les femmes de moins de 30 ans décidant d’avoir ou d’adopter un enfant. La Présidente Katalin Novak a été auparavant une ministre de la famille déterminée et efficace : prêt à taux zéro de 33 000 euros pour une naissance dans les 5 ans, aide financière conséquente pour l’achat d’un véhicule 7 places dès 3 enfants sont venus compléter des dispositifs facilitant le congé parental et les allocations familiales. En 10 ans à peine, la Hongrie est passée de 1,25 enfant par femme à 1,6 tandis que la France sur la même période est passée de 2,03 à 1,84 enfant par femme. Tout cela a évidemment un coût mais nous savons que la construction du budget de l’Etat est avant tout la traduction de choix politiques. La France a aussi le droit de faire le choix de la natalité plutôt que de l’immigration. Vive les femmes et surtout, surtout, vive les mamans !