iStock_000063255211_MediumPart du nucléaire, rénovation énergétique obligatoire, gaspillage alimentaire, stratégie de mobilité… Les 66 articles du projet de loi de transition énergétique pour une croissance verte traitent de sujets variés, oubliant l’essentiel. Alors que se déroule l’examen en seconde lecture à l’Assemblée nationale, Sens Commun revient sur un texte dont il faut retenir une chose : l’échec à mettre en place une politique écologique claire et ambitieuse.

Pourtant, les objectifs annoncés font consensus :

–     Réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et les diviser par quatre d’ici 2050.

–    Porter à 32 % la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique en 2030 et la diviser par deux à horizon 2050.

–     Baisser de 20 % de la consommation globale d’énergie.

Ce que le texte ne dit pas, c’est comment atteindre ces objectifs, par quels moyens financiers. Ce silence est éloquent : Ségolène Royal ne veut pas être celle qui annoncera aux Français que la transition énergétique nécessite une augmentation des prix de l’énergie. Il faut réaliser que l’électricité en France aujourd’hui est réellement peu chère. Si peu chère, qu’il n’est pas intéressant d’acheter de la laine de verre pour mieux isoler sa maison. Augmenter le coût de l’énergie n’est certes pas une mesure populaire. C’est une mesure courageuse. La seule qui permettrait de :

–     Rendre les économies d’énergie intéressantes et donc pousser à une baisse globale de notre consommation. Par exemple, avec une énergie plus chère, remplacer sa vieille voiture par une nouvelle moins consommatrice deviendrait immédiatement intéressant.

–     Favoriser les investissements vers les énergies renouvelables, qui deviendraient ainsi plus compétitives.

–     Atteindre nos objectifs de baisse des émissions à effet de serre autrement que par une délocalisation de nos activités.

Augmenter le prix aurait un effet sur le pouvoir d’achat des Français, rétorquerez-vous. C’est sans doute vrai, à court terme. Sur la durée, si cela permet de garder nos emplois et de faire baisser notre consommation d’énergie et donc les dépenses associées, nous serons doublement gagnants. L’autre conséquence sera plus de revenus pour l’Etat. Pourquoi ne pas l’utiliser pour financer des mesures qui seraient bénéfiques aux Français, comme une baisse de la fiscalité sur le travail ?

Pas plus que la ministre nous ne souhaitons promouvoir l’écologie punitive. A l’inverse d’elle, nous pensons que dire la vérité rendra service à l’écologie. Maquiller les coûts, promettre mieux pour moins cher, ne peut que desservir le pays. On rassure le consommateur, on caresse l’électeur dans le sens du poil, mais le Français paiera l’addition. Réconcilier la politique avec le réel passe par une nouvelle vision qui assume les mesures nécessaires et rejette les calculs électoraux immédiats. Les ambitions sont là, alors un peu de courage, s’il vous plaît !